Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/209

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jettent, dans les tiédeurs de l’office, des fluides volatils et des esprits qui évoquent l’odeur de la Corse.

Du reste, il est facile à ceux qui veulent se rendre compte de ce parfum célèbre et à qui les mots ne représentent rien sur le papier de s’en payer le régal sans quitter Paris. Ils n’ont qu’à faire venir de Marseille une bourriche de bartavelles corses, ou mieux encore de ces merles de l’île qui se nourrissent de baies de genévrier et de graines étoilées de lentisque et résument en eux les miasmes délicieux du maquis. Le déjeuner terminé, ils en sauront autant que Napoléon.

Tout à coup une fumée s’éleva en spirale des montagnes jetant des rondelles aux nuages.

« C’est le maquis qui brûle, nous jeta le capitaine, qui passait auprès de nous. Les Corses labourent ! »

Telle est, en effet, la méthode sommaire, économique et d’avant Deucalion que les insulaires pratiquent encore pour défricher et faire des champs à la culture.

Septembre venu, ils incendient les brandes, et tous les sommets de l’île projettent des feux qui semblent se correspondre et propager le signal de ce retour de Napoléon, qui, selon nombre d’entre eux, n’est pas mort.