Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/247

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lequel Étienne incriminait la victime de cette vendetta d’outre-tombe.


Corte n’est distant de Vivario que de douze kilomètres ; mais, comme nous désirions déjeuner dans la capitale de l’indépendance corse et même avions commandé ce déjeuner à l’hôtel Pierraggi par télégramme, il nous fallut quitter de bon matin la ville aux chats.

De la route tournante par laquelle nous montions vers le pont du Vivario, les toits de Vivario, illuminés par le soleil levant, flambaient comme vitres de serre.

Tout à coup tout s’obscurcit, et la vallée sombra, pour ainsi dire, dans une nuée, sans qu’il nous fût possible de comprendre pourquoi ni par quel phénomène cette nuée était odorante.

Mais comme elle répandait un parfum délicieux de petit pain chaud et de café au lait, le phénomène nous fut expliqué.

Toutes les cheminées fumaient et brodaient la trame du voile flottant qu’ourlait la lumière, et que la brise finit par dissiper.

Serragio-di-Venaco est un bourg assez important, puisqu’il promet à Dieu une récolte de deux mille âmes corses.

Quand nous le traversâmes, il était en proie aux maçons et aux architectes, qui semblent vouloir y multiplier les maisons de campagne ; de belles et riches maisons, par parenthèse, construites en marbre gris, et qui décèlent des propriétaires aisés.

Serragio est en train de devenir une résidence d’été fort aristocratique, et j’y ai vu passer d’élé-