Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/26

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personne. C’était Raymond Deslandes. Il est dans le Larousse.

Raymond Deslandes ne me connaissait pas, même de nom. Il voulut bien m’en assurer du ton paternel dont Royer-Collard disait aux candidats à l’Académie : — Je ne lis pas, je relis. — Et, sans m’arrêter à cette circonstance que j’avais eu déjà deux pièces sur l’affiche de son propre théâtre, je le priai de m’accorder un rendez-vous pour lier connaissance, « fût-ce nuitamment », ajoutai-je. Il me le fixa au 26 janvier (1882), à neuf heures du soir, dans la rotonde directoriale où, pendant les soirées d’Ange Bosani, nous nous étions tant amusés, Armand Silvestre et moi, à voir Carvalho dégainer contre le « fascino » par la fenêtre.

Je ne sais si vous vous souvenez que ce 26 janvier 1882 est la date où le Grand Ministère tomba avec son chef, Léon Gambetta, comme à peu près l’Incorruptible au 9 thermidor. Herminie aussi. Un malheur n’arrive jamais seul. Pourquoi la Convention requigna Robespierre, le Parlement Gambetta et Raymond Deslandes Herminie, c’est ce dont les dieux décident après boire, quand ils sont un peu saouls, dans l’Olympe. Les mortels n’y comprennent rien, car ils ne savent si une pièce est bonne ou mauvaise que sur constat de représentation, et encore, dit la Sagesse — L’affaire réglée ainsi sur place par les codirecteurs — car ils étaient deux, le frère cadet d’Eugène Bertrand, des Variétés, et celui qui est dans le Larousse, je leur demandai, pour dire quelque chose, s’ils n’attendaient pas une pièce de Sardou pour leur hiver ? Ils me l’avouèrent à l’envi, et debout, comme on chante La Marseillaise. Surpris de ma sa-