Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/260

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Son insalubrité confine à l’assassinat.

Déjà Blanqui, l’économiste, avait, au cours des enquêtes industrielles qu’il conduisit dans nos départements, déclaré en 1840 qu’il tenait cette prison de Corte pour « un outrage à l’humanité ». La déclaration fit du bruit en ce temps-là ; mais l’état est le même, ou à peu près.

Si le rez-de-chaussée, demeure des gardiens, est tellement humide que pour eux la position est déjà intenable, que dire des caves et, plus bas, des caveaux, où l’on enferme les prisonniers ?

Ils sont, les trois quarts du temps, inondés. « Les plus robustes, me disait, d’une image saisissante, un citoyen de la ville, y « moisissent » en six mois ! » La cruauté raffinée et orientale du conseil des Dix, à Venise, n’a jamais réduit les criminels à une telle misère, et la mort par pourriture est un supplice qu’on n’inflige qu’à Corte.

Si ce collège-musée n’était que musée, on aurait mauvaise grâce à se plaindre, car personne n’a jamais mis les pieds, depuis la mort du cardinal Fesch, dans les salles où s’enfument les tableaux de son legs. Je suis peut-être le seul voyageur qui ait demandé à voir ces toiles.

Mais ce collège-musée est aussi collège, et les enfants de la ville vont y profiter d’un autre legs que Paoli fit pour l’instruction de ses compatriotes. Désireux, en effet, de les soustraire à l’influence du clergé italien, il laissa par testament une somme importante au municipe cortinais et destinée à entretenir l’université libérale à quatre chaires qu’il avait fondée dans la ville en 1764. Cette université n’a point prospéré, et le combat a cessé faute de combat-