Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/29

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point d’Herminie ; avec elle, on répète tout de suite.

— Alors, voici. Et je lui tendis le télégramme.

— C’est bien joué, applaudit-il ; c’est du théâtre. Je ne m’en dédis pas. Je vous prends l’ouvrage. À présent, allez me la chercher.

— Qui ?

— Mais Sarah Bernhardt. Et surtout ne perdez pas de temps. Je n’ai à vous donner que la place libre en ce moment sur ma scène. Tout le reste de ma saison est promis.

— À Sardou, n’est-ce pas ?

— Naturellement. Vite, courez à Lyon et revenez par le rapide. Il y a un restaurant dans le train. Je vous attendrai à la gare, tous les deux. Nous marchons à une centième.

Je le regardai, et regarder Koning c’était le comprendre. Il ne trompait pas. C’était bien de la petite Bourse qu’il venait, le célèbre collaborateur. Il avait la gaieté féroce de ce ghetto d’affaires. Le type était nouveau alors en direction et, auprès de lui, le brave Raymond Deslandes n’était plus qu’une mazette de vieux jeu à demi culotté de grègues du père Montigny.

— Soit, relevai-je, j’y vais.

— Où ?

— À Lyon.

— Ça tient. Un conseil d’ami avant votre départ. Si le rôle d’Herminie doit être joué par Sarah Berhardt, il faut modifier le dénouement de la pièce. Dans votre version, c’est le mari qui meurt, n’est-ce pas ?

— Oui, comme dans le roman.

— Quel roman ?