Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ressant, sinon pour la faculté de médecine. On doit mourir là comme des mouches. Huit cents malariés s’y agitent confusément et ne doivent se reproduire qu’à regret, s’ils aiment les enfants bien portants.

Mme Thomasina-M.-A.-E. Campbell prétend avoir mangé à Saint-Florent des « zerri », poisson fameux, dit-elle, dont je n’ai jamais entendu parler, même dans l’île. En fait de poissons corses, je connais la bécasse de mer, la regina, le scorpio, le prete, le coq de mer, la murène et la bianchetta ; mais le « zerri », qu’est-ce ?

Toute cette côte septentrionale de l’île est d’un charme inexprimable.

Elle donne la sensation d’un Orient qui remuerait un peu, pas beaucoup, mais autant qu’un oiseau s’épluchant au soleil et s’étirant l’aile au bout d’un roc.

Nous voici à l’Île-Rousse.

L’Île-Rousse (Isola Rossa), ainsi appelée de deux îlots rouges sur lesquels elle avance son port, et où l’on chassait encore la perdrix il y a cent ans, est une ville moderne, construite par Paoli pour embêter Calvi et détourner d’elle le commerce de la Balagne.

Calvi était demeurée en effet fidèle à Gênes, et le patriotisme du général ne pouvait tolérer cette fidélité, qu’il tenait pour une défection à la cause commune de l’indépendance. Pour s’en venger, il ruina Calvi, c’est-à-dire qu’il lui suscita une rivale. L’Île-Rousse n’a pas un siècle d’existence, et c’est assurément le port le plus actif et le plus vivant de la côte. C’en est aussi le plus original.

Il avait de la poigne, ce Paoli, et du goût.

Trois sites caractéristiques résument fort exacte-