Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CALVI ET LA BALAGNE


Calvi est une adorable petite ville, endormie sur son promontoire blanc, que la mer entoure d’un froufrou de soie bleue.

Cette forteresse, à la fois hautaine et coquette, que le soleil irise, ressemble de loin, entre ses deux miroirs de ciel et d’eau, à un gâteau de sucre posé sur un plateau d’argent. On la dirait transparente. Quel magicien habite la citadelle vitreuse, ou quelle fée fait surgir aux yeux enchantés du touriste le mirage de ce château de cristal ? Mais non, le soleil tourne, et rien ne disparaît. Au trot des petits chevaux corses vous sautez quelques ponts de torrents, et vous voilà dans la capitale de la riche Balagne. Calvi n’est pas un rêve, et pourtant il en reste un pour moi. Heureux sont ceux qui vivent au pays où ils auraient voulu naître !

Le mot mélancolique de Théophile Gautier est vrai : « On ne naît pas toujours dans la vraie patrie. » J’aurais dû naître à Calvi, comme Christophe Colomb.

Car Christophe Colomb était Corse.

Pendant l’une des bonnes journées que nous pas-