Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

né ? demande-t-il à nos gracieux cicérones en leur désignant le tas de moellons séculaires.

— Où est né qui ? insistai-je follement.

— Mais Christophe Colomb ! » sourit le prince.

Sans être un puits de science, je ne suis pas pourtant l’ignorant passionné que tout homme a le droit d’être par ces temps de doute historique et de bazardement général des traditions. À Charlemagne, où j’ai fait mes classes, je me rappelle qu’il était usuel et populaire, entre labadens et potaches, de répondre à cette question : « Où est né Christophe Colomb ? » par la facétie ci-dessous :

« Christophe Colomb est né dans un état voisin de la gêne » ; la « gêne » étant prise là pour la ville italienne qui porte ce nom, et où tous les historiens s’accordaient jusqu’à présent à donner le jour à ce grand homme. Mais venir en Corse pour y apprendre que le grand amiral des mers est né rue du Fil, à Calvi, c’était une surprise qui n’était pas dans le programme du voyage.

« Mais alors… repris-je, Christophe Colomb serait donc Français ?

— Il l’est, dit sévèrement un jeune prêtre qui venait de nous rejoindre. Voici sa maison natale, j’en ai les preuves. Suivez-moi. »

C’était à déchirer son diplôme de bachelier ! Nous le suivîmes donc, et il nous donna les preuves. Elles me parurent, comme au prince, indiscutables, Christophe Colomb était Calvais.

Quand on est à Calvi pour quelques jours, il est indispensable de se détourner un peu vers le sud pour aller visiter le bourg de Calenzana, l’un des plus considérables de l’île. Calenzana est un gros