Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/347

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jeuner, et laissez-moi faire, j’ai l’Odéon dans mon écharpe. — Et il m’apprend qu’il vient de décorer Rodin pour ses étrennes. À la bonne heure. Aurions-nous un protecteur éclairé chez dame Marianne III ?

Je trouve en rentrant un mot d’Alexandre Dumas. Il m’attend demain matin, à dix heures et demie, chez lui. Que peut-il me vouloir ?

Au Figaro, Philippe Gille. — Que t’avais-je dit ? Et il me conseille de faire donner Halévy sur Claretie. Jules est Dieu et Ludovic est son prophète. Une pièce en vers comiques, ils n’en ont pas rue Richelieu, tu as des chances. Va voir Halévy. Je cours donc chez Halévy, rue de Douai, et je le trouve au moment où il sortait, avec Degas. Ils m’écoutent tous les deux en marchant, conter le double enterrement du matin, celui de Mme Roucicaut et le mien. Degas me dit qu’il m’envie ma définition de Bouguereau : « le Raphaël du Bon Marché, » qu’il tient de Nittis. Ça me flatte sans me consoler. Ludovic m’offre de porter mon Fracasse « fracassé » à Claretie. — Envoyez-moi le manuscrit, je le lirai la nuit et je le remettrai moi-même jeudi à l’administrateur. — Pourquoi la nuit ? — Parce qu’il ne dort plus, dit Degas, avec un geste de sollicitude.

Mardi 13. — Chez Dumas, à l’heure dite, car il aime l’exactitude. — Qu’est-ce, mon cher maître et ami ? — Voici. On vous embête trop… Ça devient corporatif. Donnez-moi la pièce. Je ne la lirai même pas. Je m’en charge. Rompez publiquement avec Porel d’abord. — Comment ? — Caliban vous le dira. Pour le reste, j’ai un tour au Français et je m’entendrai avec Claretie. Comment va-t-on chez vous ? Avez-vous besoin d’argent ?…