Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/349

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Il a gardé Renée six mois sans lui donner signe de vie, puis il est venu lui demander La Terre, que Zola lui a refusée net, sans phrases. — À toi Caliban, me jette Zizi. — Lui aussi, alors ?

Et j’entre chez Francis Magnard.

Ah ! nom d’une pipe, en voilà un qui ne l’aime pas, le satrape de l’Odéon ! — C’est votre tour alors ? Vous êtes en noble compagnie, et avec Coppée, c’est tout dire, car l’Académie même y passe. Ce qu’il doit à Coppée, qui est la bonté même et serviable comme le Petit Manteau bleu, on n’ose pas le dire, sa nomination, sa décoration et Severo Torelli, une petite fortune, n’est-ce pas ? Aussi vient-il de lui refuser une pièce, naturellement. Ne pensez-vous pas, Caliban, que l’indépendance du cœur est l’état de grâce et la grâce d’état du négoce, sans parler du mensonge, signe de vocation ? On dirait qu’elle leur tient lieu de tout et leur sert même de critérium artistique. Aussi, si vous la voulez, la tête de l’excellent Porel, prenez-la et servez-la-nous dans le plat d’or où vous jonglez avec les gemmes de vos néologismes.

Ma foi, c’était trop tentant. Sur un coin de table de la rédaction, j’ai écrit, en vingt lignes, la lettre de rupture, selon le conseil de Dumas. Elle contient le néologisme demandé par Magnard, une onomatopée assez drôle.


Cette onomatopée c’était : tripatouillage. Relevée et commentée le lendemain par Albert Millaud dans une de ses chroniquettes, elle fleurit aussitôt sur les bouches des hommes. Quant à la lettre, je n’en ai plus le texte, mais les chercheurs qu’elle intéresse la retrouveront à loisir dans le Larousse supplémentaire