Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/82

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Le médium sourit d’abord d’un air niais, puis, les yeux clos, béatement, il soupira : — De l’argent, beaucoup d’argent. — Va, fit le docteur, trouve celui ou celle qui a écrit cette lettre.

Le sujet eut un mouvement de révolte contre le voyage imposé. Sa respiration se fit courte, comme oppressée par le roulis d’un navire. Puis il se calma, et il dit : — Je vois une ville très grande, entre la montagne et la mer. Des bateaux en quantité. Les maisons trempent dans l’eau. Les plus hautes ont des toits comme… comme des melons, d’autres comme des lanternes ; les basses sont toutes petites, blanches, blanches… Elles me font mal aux yeux. Des hirondelles entrent, sortent, tournent autour, elles partent, elles vont venir.

— Cherche la maison où la lettre a été écrite, ordonna Papus doucement.

— C’est là, fit le visionnaire, la bleue. Elle est carrée avec des colonnes en pierre transparente comme du verre. On monte six marches. Je suis dans la cour. Il y a une fontaine entourée d’arbres comme des plumeaux, puis un jardin derrière, à travers une porte ronde.

— Vois-tu quelqu’un dans le jardin ?

— Non, dans la cour. Trois personnes, une fille très brune, un petit garçon et un vieux monsieur à barbe blanche. L’enfant joue dans la fontaine. Sa mère le gronde. Elle a l’air méchant, la femme, oh ! oui. Le vieux lit un journal. Il rit.

— Quel journal ? Son titre ? Épelle.

— G. I. L. B. L. A. S.

— Regarde bien, l’article qui le fait rire, comment est-il signé ?