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LA NUIT BERGAMASQUE



I


Dans la première nouvelle de la huitième journée du Décaméron, Boccace conte l’histoire d’un jeune et honnête Allemand nommé Gulfardo, qui, fort épris d’une dame milanaise, n’en obtient rendez-vous que moyennant finance, au prix fixé par elle de deux cents florins d’or. Réveillé de son rêve par une telle vénalité, il emprunte la somme à son mari même, riche marchand de la ville, et acquiert ainsi, en la versant à sa femme, ce qu’il ne voulait obtenir que de son seul amour. Mais à l’échéance venue de la dette, lorsque le prêteur la lui rappelle, Gulfardo feint de n’y rien comprendre. — As-tu donc oublié de l’effacer de ton livre, car il y a huit jours au moins que j’ai, et ici même, rapporté tes deux cents florins. Je les ai du reste remis à ton épouse en personne. Elle est là pour te le dire : N’est-ce pas, madame ? — Prise au