Lapie[1], etc.), à la veille ou au rêve mais toujours à l’inconscient, d’après Grasset[2]. Dans tous les cas, qu’il s’agisse du souvenir d’une chose vue ou du souvenir d’une chose imaginée, il y aurait évocation confuse ou incomplète d’un souvenir réel[3].
Cette explication peut être acceptée dans les limites où l’enferment plusieurs des auteurs qui la proposent[4]. Elle s’applique en effet à un phénomène qui ressemble par certains côtés à la fausse reconnaissance. Il nous est arrivé à tous de nous demander, en présence d’un spectacle nouveau, si nous n’y avions pas assisté déjà. À la réflexion, nous trouvions que nous avions eu autrefois une perception analogue, qui présentait quelques traits communs avec l’expérience actuelle. Mais le phénomène dont il s’agit ici est très différent. Ici les deux expériences apparaissent comme rigoureusement identiques, et nous sentons bien qu’aucune réflexion ne ramènerait cette identité à une vague ressemblance, parce que nous ne sommes pas simplement devant du « déjà vu » : c’est bien plus que cela, c’est du « déjà vécu » que nous traversons. Nous croyons avoir affaire au recommencement intégral d’une ou de Plusieurs minutes de notre passé, avec la totalité de leur contenu représentatif, affectif, actif. Kraepelin, qui a insisté sur cette première différence, en signale encore
- ↑ Lapie, Note sur la paramnésie, Rev. philos., vol. XXXVII, 1894, p. 351-352.
- ↑ Grasset, La sensation du « déjà vu », Journal de Psychologie, janvier 1904, p. 17-27.
- ↑ L’idée d’une ressemblance de coloration affective appartient plus particulièrement à M. Boirac, Rev. philos., 1876, vol. I, p. 431.
- ↑ Ribot et William James, qui ont pensé à une explication de ce genre, ont eu soin d’ajouter qu’ils ne la proposaient que pour un certain nombre de Cas (Ribot, Les maladies de la mémoire, 1881, p. 150 ; William James, Principles of psychology, 1890, vol. I, p. 675, note).