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Page:Bergson - L’Énergie spirituelle.djvu/215

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ces de forme concrète. Il faut donc bien que le problème soit représenté à l’esprit, et tout autrement que sous forme d’image. Image lui-même, il évoquerait des images qui lui ressemblent et qui se ressemblent entre elles. Mais puisque son rôle est au contraire d’appeler et de grouper des images selon leur puissance de résoudre la difficulté, il doit tenir compte de cette puissance des images, non de leur forme extérieure et apparente. C’est donc bien un mode de représentation distinct de la représentation imagée, quoiqu’il ne puisse se définir que par rapport à elle.

En vain on nous objecterait la difficulté de concevoir l’action du schéma sur les images. Celle de l’image sur l’image est-elle plus claire ? Quand on dit que les images s’attirent en raison de leur ressemblance, va-t-on au-delà de la constatation pure et simple du fait ? Tout ce que nous demandons est qu’on ne néglige aucune partie de l’expérience. À côté de l’influence de l’image sur l’image, il y a l’attraction ou l’impulsion exercée sur les images par le schéma. À côté du développement de l’esprit sur un seul plan, en surface, il y a le mouvement de l’esprit qui va d’un plan à un autre plan, en profondeur. À côté du mécanisme de l’association, il y a celui de l’effort mental. Les forces qui travaillent dans les deux cas ne diffèrent pas simplement par l’intensité ; elles diffèrent par la direction. Quant à savoir comment elles travaillent, c’est une question qui n’est pas du ressort de la seule psychologie : elle se rattache au problème général et métaphysique de la causalité. Entre l’impulsion et l’attraction, entre la cause « efficiente » et la « cause finale », il y a, croyons-nous, quelque chose d’intermédiaire, une forme d’activité d’où les philosophes ont tiré