Page:Bergson - L’Énergie spirituelle.djvu/232

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tions de plus en plus intimes entre les parties du réel qui se juxtaposent à nos yeux dans l’espace. Mais cet idéal, le réaliste ne peut s’empêcher de l’hypostasier. Il l’hypostasie dans les représentations étalées qui étaient pour l’idéaliste la réalité même. Ces représentations deviennent alors pour lui autant de choses, c’est-à-dire de réservoirs contenant des virtualités cachées : ce qui lui permettra de considérer les mouvements intracérébraux (érigés cette fois en choses et non plus en simples représentations) comme renfermant en puissance la représentation tout entière. En cela consistera son affirmation du parallélisme psychophysiologique. Il oublie qu’il avait situé le réservoir hors de la représentation et non pas en elle, hors de l’espace et non pas dans l’espace, et qu’en tout cas son hypothèse consistait à supposer la réalité ou indivisée, ou articulée autrement que la représentation. En faisant correspondre à chaque partie de la représentation une partie de la réalité, il articule le réel comme la représentation, il déploie la réalité dans l’espace, et il abandonne son réalisme pour entrer dans l’idéalisme, où la relation du cerveau au reste de la représentation est évidemment celle de la partie au tout.

Vous parliez d’abord du cerveau tel que nous le voyons, tel que nous le découpons dans l’ensemble de notre représentation : ce n’était donc qu’une représentation, et nous étions dans l’idéalisme. Le rapport du cerveau au reste de la représentation était dès lors, nous le répétons, celui de la partie au tout. De là vous avez passé brusquement à une réalité qui sous-tendrait la représentation : soit, mais alors elle est subspatiale, ce qui revient à dire que le cerveau n’est pas une entité indépendante. Il n’y a