tous les lieux quelques couleurs déterminées vient de ce que partout et toujours sont réalisées toutes les fréquences possibles (entre certaines limites, sans doute) : alors, nécessairement, celles qui correspondent à nos diverses couleurs se produiront parmi les autres, quel que soit le moment ou l’endroit : la répétition de l’identique, qui permet ici de constituer des genres, n’aura pas d’autre origine. La physique moderne nous révélant de mieux en mieux des différences de nombre derrière nos distinctions de qualité, une explication de ce genre vaut probablement pour tous les genres et pour toutes les généralités élémentaires (capables d’être composés par nous pour en former d’autres) que nous trouvons dans le monde de la matière inerte. L’explication ne serait pleinement satisfaisante, il est vrai, que si elle disait aussi pourquoi notre perception cueille, dans le champ immense des fréquences, ces fréquences déterminées qui seront les diverses couleurs, — pourquoi d’abord elle en cueille, pourquoi ensuite elle cueille celles-là plutôt que d’autres. À cette question spéciale nous avons répondu jadis en définissant l’être vivant par une certaine puissance d’agir déterminée en quantité et en qualité : c’est cette action virtuelle qui extrait de la matière nos perceptions réelles, informations dont elle a besoin pour se guider, condensations, dans un instant de notre durée, de milliers, de millions, de trillions d’événements s’accomplissant dans la durée énormément moins tendue des choses ; cette différence de tension mesure précisément l’intervalle entre le déterminisme physique et la liberté humaine, en même temps qu’elle explique leur dualité et leur coexistence[1]. Si, comme
- ↑ On peut donc, et même en doit, parler encore de déterminisme physique, lors même qu’on postule, avec la physique la plus récente, l’indéterminisme des événements élémentaires dont se compose le fait physique. Car ce fait