Analysez maintenant les procédés imaginatifs de la mnémotechnie, vous trouverez que cette science a précisément pour objet d’amener au premier plan le souvenir spontané qui se dissimule, et de le mettre, comme un souvenir actif, à notre libre disposition : pour cela en réprime d’abord toute velléité de la mémoire agissante ou motrice. La faculté de photographie mentale, dit un auteur[1], appartient plutôt à la subconscience qu’à la conscience ; elle obéit difficilement à l’appel de la volonté. Pour l’exercer, on devra s’habituer à retenir, par exemple, plusieurs groupements de points tout d’un coup, sans même penser à les compter[2] : il faut, en quelque sorte, imiter l’instantanéité de cette mémoire pour arriver à la discipline. Encore reste-t-elle capricieuse dans ses manifestations, et comme les souvenirs qu’elle apporte ont quelque chose du rêve, il est rare que son intrusion plus régulière dans la vie de l’esprit ne dérange pas profondément l’équilibre intellectuel.
Ce qu’est cette mémoire, d’où elle dérive et comment elle procède, notre prochain chapitre le montrera. Une conception sché