Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/125

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vent dont on se sert encore aujourd’hui dans quelques églises d’Allemagne pour accompagner les chorals, et qu’il nomme cornetto. Il est en bois, percé de trous, et se joue avec une embouchure de cuivre ou de corne semblable à l’embouchure de la trompette.

Dans la cérémonie religieuse funèbre qui se fait autour du tombeau d’Eurydice, au premier acte d’Orfeo, Gluck adjoignit le cornetto aux trois trombones pour accompagner les quatre parties du chœur. Le cornetto, n’étant pas connu à l’Opéra de Paris, fut plus tard supprimé sans être remplacé par un autre instrument, et les soprani du chœur, dont il suit le dessin à l’unisson dans la partition italienne, furent ainsi privés de leur doublure instrumentale. Dans la troisième strophe de la romance du premier acte :

Piango il mio ben cosi,


l’auteur a introduit deux cors anglais. L’orchestre de l’Opéra français n’en possédant pas, les cors anglais furent remplacés par deux clarinettes.

Aux voix de contralto, d’un si heureux effet dans les chœurs, et que Gluck employa dans Orfeo, comme tous les maîtres italiens et allemands, on substitua à Paris les voix criardes de haute-contre. Bien plus, dans le chœur des champs Élysées :

Viens dans ce séjour paisible,


au passage des coryphées chantant :

Eurydice va paraître


si bien écrit dans la partition italienne, cette partie de haute-contre fut modifiée, sans qu’on puisse concevoir pourquoi, de manière à produire quatre fois la faute d’harmonie la plus plate qui se puisse commettre.

Quant aux fautes de gravure existant dans les deux parti-