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Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/207

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n’est pas plus l’ouverture d’Alceste que celle de tout autre opéra, c’est de la musique bien portante, sans mauvaises passions, et qui ne peut faire ni tort ni honneur au brave homme qui l’écrivit. Je n’en dirai pas autant d’un air d’Alceste au premier acte, où se trouve une vocalise terminée par un trille, sur ces mots « mein Tod » (ma mort), qui eût fait Gluck s’évanouir d’indignation. La Parthenia en fait bien d’autres dans ses airs ; elle vous lance à tout bout de chant des fusées, des arpéges, montant jusqu’au contre-ré et au contre-fa suraigus, et ornés de ces notes piquées semblables pour le rhythme au caquet des poules en gaieté, et pour le timbre, au cri d’un petit chien dont on écrase la queue, des traits enfin trop fidèlement imités de ceux que Mozart eut le malheur d’écrire pour la reine de la nuit dans la Flûte magique, et pour dona Anna dans un air de Don Juan. Hercule ne roule et ne roucoule pas mal non plus ; il roule même depuis le fa aigu de la voix de basse jusqu’au contre-ut grave, le dernier du violoncelle ; deux octaves et demie. Il paraît qu’il y avait alors à Gotha un gaillard doué d’une voix exceptionnelle. Admète seul ne se livre pas à de trop grandes excentricités, les traits et les trilles de son rôle ne s’y trouvent que pour constater la filiation de cette œuvre, appartenant, je l’ai déjà dit, à une école italienne germanisée. Ce n’est pas la peine de citer les deux chœurs ; ils viennent là seulement pour dire… qu’ils n’ont rien à vous dire. (Ce mot est de Wagner, je ne veux pas le lui voler.)

Il me reste à parler maintenant de l’Admetus de Handel, dont je connaissais un morceau seulement et dont j’ai pu dernièrement me procurer la grande partition. Malgré son titre à désinence latine, c’est encore un opéra italien écrit pour un théâtre de Londres par le célèbre maître allemand naturalisé Anglais. Il fait partie de la nombreuse collection d’ouvrages de ce genre dus à la plume infatigable de Handel et qu’il destinait chaque année aux chanteurs italiens engagés pour la saison, comme on écrit maintenant des albums pour le premier jour