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OBÉRON
OPÉRA FANTASTIQUE DE CH. M. WEBER

SA PREMIÈRE REPRÉSENTATION AU THÉÂTRE-LYRIQUE


6 mars 1857.

L’atmosphère musicale de Paris est en général brumeuse, humide, sombre, froide, orageuse même parfois. Les saisons y manifestent des caprices étranges. À certains moments il neige des cirons, il pleut des sauterelles, il grêle des crapauds, et il n’y a parapluies de toile ni de tôle qui puissent garantir les honnêtes gens de cette vermine. Puis tout d’un coup le ciel s’éclaircit, il ne tombe pas de la manne, il est vrai, mais on jouit d’un air tiède et pur, on découvre çà et là de splendides fleurs épanouies parmi les chardons, les ronces, les orties, les euphorbes, et l’on court avec ravissement les respirer et les cueillir. Nous jouissons à cette heure des caresses de ce bienfaisant rayon ; plusieurs très-belles fleurs de l’art viennent d’éclore et nous sommes dans la joie de les avoir découvertes. Citons d’abord le plus grand événement musical qu’on ait eu à signaler chez nous depuis bien des années, la mise en scène récente de l’Obéron de Weber au Théâtre-Lyrique. Ce chef-d’œuvre (c’est un vrai chef-d’œuvre, pur, radieux, complet) existe depuis trente et un ans. Il fut représenté pour la première fois le 12 avril 1826. Weber l’avait composé en Allemagne sur les paroles d’un libret-