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Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/258

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MOYEN TROUVÉ PAR M. DELSARTE
D’ACCORDER LES INSTRUMENTS À CORDES
SANS LE SECOURS DE L’OREILLE


Entendez-vous, pianistes, guitaristes, violonistes, violoncellistes, contre-bassistes, harpistes, accordeurs, et vous donc, chefs d’orchestre ! sans le secours de l’oreille !!! Voilà une découverte immense, incomparable, sans prix, pour nous autres surtout, tristes auditeurs de pianos discordants, de violons, de violoncelles discordants ; de harpes discordantes ; d’orchestres discordants. L’invention de M. Delsarte va vous mettre dans l’obligation de ne plus nous torturer, de ne plus nous faire suer de douleur, de ne plus nous pousser au suicide. Sans le secours de l’oreille !!! Non-seulement l’oreille devient inutile pour accorder les instruments, mais il est dangereux de la consulter, mais il faut à toute force ne pas la consulter. Quel avantage pour ceux qui n’en ont pas ! Jusqu’à présent c’était le contraire, et nous vous pardonnions les tourments que vous nous infligiez ; mais à l’avenir, si vos instruments, si vos orchestres ne sont pas d’accord, vous n’aurez point d’excuses, et nous vous dénoncerons à la vindicte publique. Sans le secours de l’oreille !!! secours si souvent inutile et trompeur, et fatal ! La découverte de M. Delsarte n’a d’action que sur les instruments à cordes, et c’est beaucoup, c’est énorme. D’où il suit que dans