Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/55

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miration ; loin de là. Mais le public ne jugeant d’ordinaire que par l’effet produit, et ne mesurant cet effet que sur le bruit des applaudissements, il s’ensuit que le morceau le plus applaudi passe toujours pour le plus beau (bien qu’il y ait des beautés d’un prix infini qui ne sont pas de nature à exciter de bruyants suffrages) ; ensuite, pour rehausser davantage l’objet de cette prédilection, on lui sacrifie tout le reste. Tel est, en France du moins, l’usage invariable. C’est pourquoi, en parlant de Beethoven, on dit l’Orage de la symphonie pastorale, le finale de la symphonie en ut mineur, l’andante de la symphonie en la, etc., etc.

Il ne paraît pas prouvé que cette dernière ait été composée postérieurement à la Pastorale et à l’Héroïque, plusieurs personnes pensent au contraire qu’elle les a précédées de quelque temps. Le numéro d’ordre qui la désigne comme la septième ne serait en conséquence, si cette opinion est fondée, que celui de sa publication.

Le premier morceau s’ouvre par une large et pompeuse introduction où la mélodie, les modulations, les dessins d’orchestre, se disputent successivement l’intérêt, et qui commence par un de ces effets d’instrumentation dont Beethoven est incontestablement le créateur. La masse entière frappe un accord fort et sec, laissant à découvert, pendant le silence qui lui succède, un hautbois, dont l’entrée, cachée par l’attaque de l’orchestre, n’a pu être aperçue, et qui développe seul en sons tenus la mélodie. On ne saurait débuter d’une façon plus originale. À la fin de l’introduction, la note mi dominante de la, ramenée après plusieurs excursions dans les tons voisins, devient le sujet d’un jeu de timbres entre les violons et les flûtes, analogue à celui qu’on trouve dans les premières mesures du finale de la symphonie héroïque. Le mi va et vient, sans accompagnement, pendant six mesures, changeant d’aspect chaque fois qu’il passe des instruments à cordes aux instruments à vent ; gardé définitivement par la flûte et le hautbois, il sert