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Scène XII

Les précédents, Bénédict (venant de droite).
Bénédict, à part, dans le fond.

Je ne conçois pas qu’un homme, qui voit combien est insensé celui qui se soumet à l’empire de l’amour, puisse, en devenant amoureux, tomber dans l’insigne folie qu’il a ridiculisée dans autrui et s’offrir en butte à ses propres sarcasmes.

(Somarone, pendant le monologue de Bénédict, examine attentivement un passage de sa partition.)
Somarone

Un instant je veux changer quelque chose à la seconde ritournelle.

(Il écrit quelques notes au crayon sur son manuscrit.)

Bénédict, continuant son monologue.

Et cependant, tel est Claudio. J’ai vu un temps où l’harmonie la plus délicieuse à son oreille, c’était le son du fifre et du tambour, et maintenant il leur préfère de langoureuses mélodies ! J’ai vu un temps où il eût fait dix lieues à pied pour voir une bonne armure ; à présent, il passera dix nuits à combiner la coupe d’un nouveau pourpoint. Du diable si l’amour fait jamais de moi un sot de ce calibre !

(Il disparaît.)