Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/106

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accompagnement de sept instruments à vent ; composé à Rome, un jour que je mourais du spleen, et intitulé : « Psalmodie pour ceux qui ont beaucoup souffert et dont l’âme est triste jusqu’à la mort. »

Voilà tout.

À présent, je ne fais que copier des parties et écrire un grand article sur l’état actuel de la musique en Italie, qui m’a été demandé de Paris pour la Revue européenne ; si vous le lisez, vous le verrez sans doute d’ici à deux mois ; le journal n’étant que mensuel, cela ne paraîtra pas plus tôt… Eh bien, oui, je suis allé à Naples, c’est superbe ; j’en suis revenu à pied, ce que vous savez déjà, en traversant jusqu’à Subiaco les montagnes des frontières, couchant dans des repaires ou capitales de bandits, dévoré de puces, et mangeant des raisins volés ou achetés le long de la route pendant le jour, et, le soir, des œufs, du pain et des raisins ; après deux jours de repos à Subiaco, où j’ai trouvé un de mes camarades de l’Académie qui m’a prêté une chemise dont j’avais grand besoin, je suis parti, toujours à pied, pour Tivoli, et de là à Rome.

Voilà encore.

Mille choses à Mendelssohn, dont nous parlons bien souvent chez M. Horace. Madame Fould m’a fait entendre dernièrement, chez elle, la symphonie qu’il fit exécuter à Londres, et qu’il a dérangée pour violon, basse et piano à quatre mains. Le premier morceau est superbe, l’adagio ne m’est pas resté bien net dans la tête, l’intermezzo est frais et piquant ; le final, entremêlé de fugue, je l’abomine. Je ne puis pas comprendre qu’un pareil talent puisse se faire tisserand de notes dans certains cas comme il l’a fait, mais