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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/116

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accueillie d’une personne fort riche, il m’engageait très-fortement à me présenter, par la raison péremptoire qu’un jeune homme qui n’aura jamais qu’un patrimoine d’une centaine de mille francs ne doit pas négliger l’occasion d’en épouser trois cent mille comptant, et autant en expectative. J’en ai ri pendant quelque temps, comme d’une plaisanterie ; mais, les instances de mon père devenant plus vives, j’ai été obligé de déclarer fort catégoriquement que je me sentais incapable d’aimer jamais la personne dont il s’agissait et que je n’étais à vendre à aucun prix. La discussion s’est terminée là ; mais j’en ai été désagréablement affecté, je me croyais mieux connu de mon père. Au fond, madame, ne me donnez-vous pas raison ?…

Après une maladie de Marie-Louise, l’empereur dit à M. Dubois, qui l’avait soignée : « Que vous faut-il, Dubois ? de l’argent ou des honneurs. — Sire, de l’argent et des honneurs. » Si pareille question m’était adressée : « Voulez-vous de l’argent, de l’amour ou de la liberté… ? », je dirais bien aussi : « De la liberté, de l’amour et de l’argent. » Mais, comme ce ne sera jamais à un Napoléon que je ferai semblable réponse, je renoncerai toujours à l’argent pour garder ou obtenir l’un des deux autres, quelque Vanloo que cela soit. J’aurais bien voulu envoyer à mademoiselle Louise quelque petite composition dans le genre de celles qu’elle aime ; mais ce que j’avais écrit ne me paraissant pas digne d’exciter le sourire d’approbation du gracieux Ariel, j’ai suivi le conseil de mon amour-propre et je l’ai brûlé. Je crains de ne pas être plus heureux de longtemps, car, au lieu de composer, je suis forcé de copier moi-même les parties d’un nouvel ouvrage que je donnerai à Paris au mois de décembre,