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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/177

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d’autres choses, on ne fait rien de bon ni de beau, qui me les rendra ? Pourquoi êtes-vous si loin ?…

Tenez, général, je suis depuis cinq jours malade, au lit, d’une bronchite violente ; c’est la colère, le dégoût et le chagrin qui me l’ont donnée. Pourtant il y a beaucoup à faire ici, à cause du public, qui est attentif, intelligent et vraiment amateur d’œuvres sérieuses.

J’ai entendu le dernier oratorio de ce pauvre Mendelssohn (Elie). C’est magnifiquement grand et d’une somptuosité harmonique indescriptible. J’espère que les inquiétudes dont vous me parlez et qui vous agitent sont dissipées maintenant et que madame Lwoff est rétablie. Veuillez lui présenter mes respectueux hommages. Vous me demandez où je compte passer l’été ; je n’en sais rien. Pourtant il est à croire que j’irai visiter encore Nice, comme je fais toujours quand j’ai passé un rude hiver. En tout cas, on vous dira à Paris où je serai ; je vous en prie, ne manquez pas de me trouver et de faire que je vous trouve : je serai si heureux de vous voir !…

Vous êtes mille fois bon d’avoir parlé de moi à Sa Majesté et de me laisser encore l’espoir de me fixer près de vous quelque jour. Je ne me berce pas beaucoup de cette idée : tout dépend de l’empereur. S’il voulait, nous ferions de Pétersbourg en six ans le centre du monde musical.

Je n’ai pas eu la moindre nouvelle des comtes Wielhorski ; j’ai écrit au comte Michel, il ne m’a pas répondu. La crainte qu’il ne voie dans mes lettres un but intéressé m’empêche de lui écrire de nouveau : j’ai tellement peur d’avoir l’air d’un solliciteur !… Et, pourtant, Dieu sait combien j’ai conservé de vive reconnaissance pour toute les bontés qu’ils ont eues l’un et l’autre pour moi, l’an dernier !