Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

financier. J’ai tant de loyers à payer à Paris, les dépenses de mon fils qui s’y trouve maintenant, etc., que le luxe d’habiter Londres quand je n’y ai plus rien à faire m’écraserait. À vrai dire, ce n’est pas tout à fait du luxe ; car il m’est, au fond, désavantageux de quitter l’Angleterre au moment où j’aurais tant de choses à y voir venir.

Un amateur naïf de Birmingham qui regrettait dernièrement de n’avoir pas pu m’engager cette année pour diriger le festival de sa province, disait :

— C’est bien malheureux pour nous, car il paraît que M. Berlioz est encore supérieur à M. Costa.

Je vais bien regretter mon magnifique orchestre, et le chœur. Quelles belles voix de femmes ! J’aurais voulu que tu entendisses la symphonie avec chœurs de Beethoven que nous avons donnée pour la seconde fois mercredi dernier !… Vraiment, l’ensemble de tout cela dans cette salle immense d’Exeter Hall était grandiose et imposant.

Je vais maintenant bientôt oublier à Paris toutes ces joies musicales pour reprendre ma stupide tâche de critique, la seule qui me soit laissée à remplir dans notre cher pays.

Je vais, je crois, terminer ici demain un arrangement pour la publication en anglais de mon livre. C’est Mitchell qui s’en chargera…

Madame Moulin m’annonce une commission pour toi ; je m’en chargerai. C’est d’un paletot qu’il s’agit et je l’endosserai pour que la douane n’ait rien à y voir.