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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/222

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LXV.

AU MÊME.


Paris, jeudi 23 mars 1854.

Cher ami,

Ta lettre m’a causé une joie bien inattendue ; te voilà donc avec 70 francs par mois, et, si tu sais t’arranger et renoncer à ta manière d’employer l’argent, tu peux sans aucun doute en économiser une partie. Écris-moi, si tu crois pouvoir tôt ou tard dégager ta montre que tu as, je le crains, mise en gage au Havre au temps de ta folie. Elle t’avait été donnée par mon père… Si tu ne peux pas la retrouver, je t’en achèterai une autre sur l’argent que j’ai à toi. Je viens de te faire faire un cordon de montre avec les cheveux de ta pauvre mère et je voudrais bien que tu le conservasses religieusement. J’ai fait faire aussi un bracelet que je donnerai à ma sœur et je garde le reste des cheveux… Je ne pourrai t’envoyer ton linge que samedi prochain 25, à cause d’une formalité qu’il y a à remplir à ce sujet, et que le feuilleton que je fais aujourd’hui et demain m’oblige de remettre à la fin de la semaine. Je pense que tu as vu les choses charmantes que J. Janin a dites sur ta pauvre mère dans son feuilleton de lundi dernier, et avec quelle délicatesse il a fait allusion à mon ouvrage sur Roméo et Juliette en citant les paroles de la marche funèbre : « Jetez des fleurs ». Le Siècle d’hier contenait aussi quelques mots ; beaucoup d’autres journaux que tu ne connais pas ont parlé