Page:Berlioz - Le Chef d’orchestre, éd2.djvu/33

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théâtre de Covent Garden, à Londres, que le pied du chef d’orchestre fait mouvoir, fonctionne assez bien. Seul le Métronome électrique établi par M. Verbrugghe au théâtre de Bruxelles ne laisse rien à désirer. Il consiste en un appareil de rubans de cuivre, partant d’une pile de Volta placée sous le théâtre, venant s’attacher au pupitre-chef, et aboutissant à un bâton mobile fixé par un de ses bouts sur un pivot, devant une planche à quelque distance que ce soit du chef d’orchestre. Au pupitre de celui-ci est adaptée une touche en cuivre assez semblable à une touche de piano, élastique et armée à sa face inférieure d’une protubérance de trois ou quatre lignes de longueur. Immédiatement au-dessous de la protubérance se trouve un petit godet en cuivre également et rempli de mercure. Au moment où le chef d’orchestre, voulant marquer un temps quelconque de la mesure, presse avec l’index de sa main gauche (la droite étant employée à tenir comme à l’ordinaire le bâton conducteur) la touche de cuivre, cette touche s’abaisse, la protubérance entre dans le godet plein de mercure, une faible étincelle électrique se dégage, et le bâton placé à l’autre extrémité du ruban de cuivre fait une oscillation devant sa planche. Cette communication du fluide et ce mouvement sont tout à fait instantanés, quelle que soit la distance parcourue. Les exécutants étant groupés derrière la scène, les yeux fixés sur le bâton du métronome électrique, subissent en conséquence directement l’action du chef, qui pourrait ainsi, s’il le fallait, diriger du milieu de l’orchestre de l’opéra de Paris un morceau de musique exécuté à Versailles. Il est important seulement de convenir d’avance avec les choristes, ou avec leur conducteur (si, par surcroît de précaution, ils en ont un) de la manière dont le chef marquera la mesure, s’il marquera tous les temps principaux ou le premier temps seulement : les oscillations du bâton mû par l’électricité étant toujours d’arrière en avant, n’indiquent rien de précis à cet égard.

Lorsque je me suis servi pour la première fois à Bruxelles