Page:Berlioz - Le Chef d’orchestre, éd2.djvu/37

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chef d’orchestre. Des sous-chefs attentifs et intelligents seront pourtant toujours en ce cas préférables à une machine.

Ils ont non seulement à battre la mesure, comme la tige métronomique, mais de plus à parler aux groupes qui les avoisinent pour appeler leur attention sur les nuances et, après les silences, les avertir du moment de leur rentrée.

Dans un local disposé en amphithéâtre demi-circulaire, le chef d’orchestre peut conduire seul un nombre considérable d’exécutants, tous les yeux pouvant alors sans peine se porter sur lui. Néanmoins l’emploi d’un certain nombre de sous-chefs me paraît préférable à l’unité de la direction individuelle, à cause de la grande distance où se trouvent du chef les points extrêmes de la masse vocale et instrumentale. Plus le chef d’orchestre s’éloigne des musiciens qu’il dirige, plus son action sur eux s’affaiblit. Ce qu’il y aurait de mieux serait d’avoir plusieurs sous-chefs, avec plusieurs métronomes électriques, battant devant leurs yeux les grands temps de la mesure. C’est ainsi qu’en 1855 je dirigeais les concerts du Palais de l’Industrie.

Maintenant, le chef doit-il conduire debout ou assis ? Si dans les théâtres, où l’on exécute des partitions d’une durée énorme, il est bien difficile de résister à la fatigue en restant debout toute la soirée, il n’en est pas moins vrai que le chef d’orchestre assis perd une partie de sa puissance et ne peut donner libre carrière à sa verve, s’il en a. Dirigera-t-il en lisant sur une grande partition ou sur un premier violon conducteur, comme cela se pratique dans quelques théâtres ? Il aura sous les yeux une grande partition évidemment. Conduire à l’aide d’une partie contenant seulement les principales rentrées instrumentales, la basse et la mélodie, impose inutilement un travail de mémoire au chef qui n’a pas devant lui la partition complète, et l’expose en outre, s’il s’avise de dire qu’il se trompe à l’un des musiciens dont il ne peut contrôler la partie, à ce que celui-ci lui réponde : « Qu’en savez-vous ? »