Page:Berlioz - Le Chef d’orchestre, éd2.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de ces trois mesures, respire au commencement, pendant le demi-soupir A et, ne tenant pas compte du petit temps qu’il a pris pour respirer, donne néanmoins toute sa valeur au demi-soupir qui se trouve ainsi surajouté à la valeur de la première mesure. Il en résulte l’effet suivant :

notation musicale, Allegro.

Effet d’autant plus mauvais que l’accent final, frappé au commencement de la troisième mesure par le reste de l’orchestre, arrive un tiers de temps trop tard dans les trompettes et détruit l’ensemble de l’attaque du dernier accord.

Pour obvier à cela, le chef doit d’abord avertir à l’avance les exécutants de cette inexactitude où ils sont presque tous entraînés à tomber sans s’en apercevoir, en conduisant, leur jeter un coup d’œil au moment décisif, et anticiper un peu en frappant le premier temps de la mesure dans laquelle ils entrent. On ne saurait croire combien il est difficile d’empêcher les joueurs de trompettes de doubler la valeur d’un demi-soupir ainsi placé.

Quand un long accelerando a poco a poco est indiqué par le compositeur pour arriver de l’Allegro moderato à un Presto, la plupart des chefs d’orchestre pressent le mouvement par saccades, au lieu de l’animer toujours également par une progression insensible. C’est à éviter avec soin. La même remarque est applicable à la proposition inverse. Il est même plus difficile encore d’élargir doucement, sans secousses, un mouvement vif pour le transformer peu à peu en un mouvement lent.

Souvent voulant faire preuve de zèle, ou par défaut de délicatesse dans son sentiment musical, un chef exige de ses musiciens l’exagération des nuances. Il ne comprend ni le caractère ni le style du morceau. Les nuances deviennent alors des taches, les accents des cris ; les intentions du pauvre