Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/132

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tre, et elle ne veut ni ne doit chanter avec accompagnement de piano. Un théâtre obligeant veut bien prêter les parties d’orchestre. Tout est en ordre ; on publie le programme. Ce programme arrive sous les yeux de la cantatrice, qui s’effraie aussitôt du choix qu’elle a fait. « C’est un concert immense, écrit-elle au chef d’orchestre ; les diverses parties grandioses de ce riche programme vont faire paraître bien petit, bien maigre mon pauvre morceau de Mozart. Décidément je chanterai un autre air, celui de la Semiramide, Belraggio. Vous trouverez aisément les parties d’orchestre de cet air en Allemagne, et si vous ne les trouvez pas, veuillez écrire au directeur du Théâtre-Italien de Paris ; il se hâtera sans doute de vous les envoyer. » Aussitôt cette lettre reçue, on fait imprimer de nouveaux programmes, coller une bande sur l’affiche pour annoncer la scène de la Semiramide. Mais on n’a pas pu trouver les parties d’orchestre de cet air en Allemagne, et on n’a pas cru devoir prier M. le directeur du Théâtre-Italien de Paris d’envoyer au-delà du Rhin l’opéra entier de la Semiramide, dont on ne peut distraire l’air qu’il s’agit d’accompagner. La cantatrice arrive ; on se rencontre à une répétition générale :

« Eh bien ! nous n’avons pas la musique de la Semiramide ; il vous faut chanter avec accompagnement de piano.

— Ah ! mon Dieu ! mais ce sera glacial.

— Sans doute.

— Que faire ?