Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/16

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surer, ce travail-là m’est aussi inconnu qu’à vous-mêmes. Je ne compte plus mes tristes heures ; elles tombent les unes sur les autres, froides et monotones comme ces gouttes de neige fondue qui alourdissent à Paris le sombre silence des nuits d’hiver.

Quant à mes appointements, n’en parlons pas…

Je reconnais la justesse de votre reproche au sujet de la dédicace des Soirées de l’Orchestre ; j’aurais dû, puisqu’il s’agissait d’un livre sur les choses musicales et sur les musiciens, l’offrir à mes amis les artistes de Paris. Mais je revenais d’Allemagne quand la fantaisie me prit d’écrire ce volume ; j’étais encore sous l’impression de l’accueil chaleureux et cordial que m’avait fait l’orchestre de la ville civilisée, et je supposais si peu trouver dans le public la moindre sympathie pour mes Soirées, que les dédier à quelqu’un c’était, à mon sens, les mettre sous un patronage et non point faire un hommage dont on pût être flatté. Vos regrets à ce propos semblent indiquer chez vous une opinion différente de la mienne. À vous en croire, il y aurait donc des lecteurs pour ma prose !… Je me serais donc trompé !… je serais donc un imbécile ! Cela me remplit de joie.