Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/171

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pieds ; on ne dévore plus le prochain après dîner, sur le seuil des maisons ; on entend retentir les sabots des passants dans la rue déserte de Plombières… Il pleut… Les jours se suivent et se ressemblent… Je prends un parapluie et je vais me promener dans les bois, écoutant le bruit harmonieux et mélancolique des gouttes d’eau tombant sur le feuillage, pendant que l’Eaugronne grogne dans son lit au fond de la vallée. Un rouge-gorge, ce gentil avant-coureur de l’automne, passe curieusement entre deux branches sa jolie tête, attache sur le promeneur immobile son regard intelligent, et semble dire : « Que vient faire chez moi, par un pareil temps, cet original ? » Et je rentre ; et je vous écris. Tout est triste.

On était si épanoui à Plombières il y a trois semaines, que les malades eux-mêmes avaient l’air bien portant ; aujourd’hui tous les bien portants ont l’air malade… Il pleut encore… Il pleut toujours… L’Empereur est parti… Le monsieur Prud’homme s’obstine à rester.

J’aimerais à revoir Paris.

Adieu, monsieur.

H. Berlioz.