Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/182

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avoir le chœur ; demain le théâtre ne sera pas libre, on y répète un ballet ; après-demain le ténor va à la chasse, deux jours plus tard il en reviendra, il sera fatigué ; la semaine prochaine le baryton a un procès à Rouen qui l’oblige à quitter Paris ; il ne sera de retour que dans huit ou dix jours ; à son arrivée sa femme est en couches, il ne peut la quitter ; mais, désireux d’être agréable à la débutante, il lui envoie des dragées le jour du baptême de l’enfant ; on prend rendez-vous pour répéter au moins avec le soprano au foyer du chant, la débutante s’y rend à l’heure indiquée ; le soprano, qui n’est pas trop enchanté de voir poindre une nouvelle étoile, se fait un peu attendre, il arrive cependant ; l’accompagnateur seulement ne paraît pas. On s’en retourne sans rien faire. La débutante voudrait se plaindre au directeur. Le directeur est sorti, on ne sait quand il rentrera. On lui écrit ; la lettre est mise sous ses yeux au bout de vingt-quatre heures. L’accompagnateur admonesté reçoit une convocation pour une nouvelle séance, il est exact cette fois ; le soprano à son tour n’a garde de paraître. Pas de répétition possible ; le baryton n’a pu être convoqué, la barytone étant toujours malade ; ni le ténor, qui est toujours fatigué. Alors si on utilisait ces loisirs en allant visiter les critique influents… (on a fait croire à la débutante qu’il y avait des critiques influents, c’est-à-dire, pour parler français, qui exercent sur l’opinion une certaine influence).

« — Êtes-vous allée, lui dit-on, faire une visite à M***,