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Les bois d’orangers, le gland et la citrouille.


Nos auteurs de vaudevilles et d’opéras comiques ne manquent jamais de placer des bois d’orangers à tout bout de champ, si l’action de leur pièce se passe en Italie.

L’un d’eux eut l’idée d’en placer un dans le voisinage de la grande route qui va de Naples à Castellamare. Ce bois-là ne pouvait manquer de m’intriguer beaucoup. Où donc est-il caché ? J’eusse été si heureux de le trouver et de m’endormir sous son ombre parfumée, quand je fis à pied, en 1832, le voyage de Castellamare, par une chaleur de deux cent vingt-trois degrés, et caché, comme un dieu d’Homère, dans un nuage… de poussière ardente. Bah ! pas plus de bois d’orangers que dans le jardin de la Tauride à Saint-Pétersbourg, ou dans la plaine de Rome. Mais c’est une idée indéracinable de la tête de tous les hommes du Nord qui ont lu la fameuse chanson de Gœthe : Connais-tu le pays où fleurit l’oranger ? que cet arbre fruitier pousse en Italie comme poussent en Irlande les pommes de terre. On a beau leur dire : L’Italie est grande, elle commence en deçà des Alpes