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QUINZIÈME SOIRÉE.


AUTRE VEXATION DE KLEINER L’AINÉ.




On joue le Fidelio de Beethoven.

Personne ne parle à l’orchestre. Les yeux de tous les artistes étincellent, ceux des simples musiciens restent ouverts, ceux des imbéciles se ferment de temps en temps. Tamberlick, engagé pour quelques représentations par le directeur de notre théâtre, chante Florestan. Il révolutionne la salle dans son air de la prison. Le quatuor du pistolet excite le plus violent enthousiasme. Après le grand finale, Kleiner l’aîné s’écrie : « Cette musique me met du feu dans l’estomac ! il me semble avoir bu quinze verres d’eau-de-vie. Je vais au café, demander une… — Il n’y en a plus, lui jette Dimski en l’interrompant, je viens de voir porter la dernière à Tamberlick qui l’a bien gagnée. »

Kleiner s’éloigne en maugréant.