Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un si bel instrument ! Ça nous fendait le cœur à tous. Mais qu’y faire ? il n’y avait que ce moyen de nous en délivrer. Aussi, un concerto exécuté trente fois de suite dans la même salle le même jour, le moyen qu’un piano n’en prenne pas l’habitude ! Parbleu ! M. Mendelssohn ne pourra pas se plaindre qu’on ne joue pas sa musique ! mais voilà les suites que ça vous a. »

Je n’ajoute rien au récit que l’on vient de lire, et qui a tout à fait l’air d’un conte fantastique. Vous n’en croirez pas un mot sans doute, vous irez jusqu’à dire : C’est absurde. Et c’est justement parce que c’est absurde que je le crois, car jamais un garçon du Conservatoire n’eût inventé une telle extravagance.

Maintenant venons à l’objet principal de cette étude. Ne remettons pas à demain l’affaire sérieuse ; il est toujours fort triste d’avoir à s’occuper d’opéras-comiques le mercredi.

Diletta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . mais . . . . . . . . . . . très . . . . . . . la musique . . . . . . . . . . . . . . . . . toujours . . . . . . . . . . . . Pâleur . . . . . . . . . . . platitude.

Le manuscrit de l’auteur est devenu ici tellement indéchiffrable que de tous nos protes, aucun n’a pu en lire davantage. Nous nous voyons donc forcés de donner ainsi un peu incomplète sa critique du charmant opéra de Diletta.

(Note de l’Editeur.)

Tous les musiciens en chœur : Affreux ! abominable ! Corsino a raison. Il n’est pas humain d’user d’aussi cruelles réticences. Peut-on ! peut-on ! — Mais, messieurs, écoutez-moi donc. Connaissez-vous les opéras dont je me suis ainsi évertué à ne pas parler ? — Non. — Personne ici ne les connaît ? — Non ! non ! — Eh bien ! si par hasard il vous était prouvé qu’ils sont d’une nullité plus absolue, plus complète que celui que vous vous permettez si cavalièrement d’exécuter à demi-orchestre ce soir, me trouveriez-vous encore trop sévère ? — Certes, non. — En ce cas, j’ai gagné ma cause,