Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/259

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DIX-NEUVIÈME SOIRÉE.

On joue don Giovanni.

Je reparais à l’orchestre après plusieurs jours d’absence. Mon intention n’était pas d’y rentrer ce soir-là ; mais Corsino et quelques-uns de ses confrères sont venus m’exprimer leurs regrets de m’avoir blessé en taxant de cruauté ma critique ; j’ai ri, j’étais désarmé, je les ai suivis au théâtre. Les musiciens m’accueillent avec la plus vive cordialité ; ils veulent me faire oublier mon mécontentement qu’ils ont cru réel ; mais dès le premier coup d’archet de l’ouverture chacun cesse de parler. On écoute religieusement le chef-d’œuvre de Mozart, dignement exécuté par le chœur et par l’orchestre. A la fin du dernier acte : « Que pensez-vous de notre baryton Don Giovanni ? me demande Bacon d’un air de fierté