Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/286

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Il y a encore à Londres plusieurs Sociétés de quatuors et de musique de chambre, dont la plus florissante aujourd’hui porte le titre de Musical Union. Elle a été fondée par M. Ella, artiste anglais distingué, qui la dirige avec un soin, une intelligence et un dévouement au-dessus de tout éloge. The Musical Union n’a point pour but exclusif la propagation des quatuors, mais celle de toutes les belles compositions instrumentales de salon, auxquelles on adjoint même parfois un ou deux morceaux de chant, appartenant presque toujours aux productions de l’école allemande. M. Ella, bien que violoniste de talent lui-même, a la modestie de n’être que le directeur organisateur de ces concerts, sans y prendre aucune part comme exécutant. Il préfère adjoindre aux virtuoses les plus habiles de Londres ceux des étrangers de grand renom qui s’y trouvent de passage, et c’est ainsi qu’il a pu, cette année, à MM. Oury et Piatty, réunir Léonard, Vieuxtemps, mademoiselle Clauss, madame Pleyel, Sivory et Bottesini. Le public s’accommode fort bien d’un système qui lui procure à la fois et l’excellence de l’exécution et une variété de style qu’on ne pourrait obtenir en conservant toujours les mêmes virtuoses. M. Ella ne se borne point à donner ses soins à l’exécution des chefs-d’œuvre qui figurent dans ces concerts ; il veut encore que le public les goûte et les comprenne. En conséquence, le programme de chaque matinée, envoyé d’avance aux abonnés, contient une analyse synoptique des trios, quatuors et quintettes qu’on doit y entendre ; analyse très-bien faite en général, et qui parle à la fois aux yeux et à l’esprit, en joignant au texte critique des exemples notés sur une ou plusieurs portées, présentant, soit le thème de chaque morceau, soit la figure qui y joue un rôle important, soit les harmonies ou les modulations les plus remarquables qui s’y trouvent. On ne saurait pousser plus loin l’attention et le zèle. M. Ella a adopté pour l’épigraphe de ses programmes ces mots français, dont, par malheur, on n’apprécie guère chez nous le bon sens et la vérité, qu’il a recueillis de la bouche du savant professeur Baillot :

« Il ne suffit pas que l’artiste soit bien préparé pour le