Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/367

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reproches qu’il me semble avoir encourus en rédigeant son livre. Le premier porte sur les nombreuses citations allemandes dont le texte est hérissé. Pourquoi ne pas traduire en français ces fragments, puisque tout le reste est en langue française ? M. de Lenz, en sa qualité de Russe, parle une foule de langues connues et inconnues, il s’est dit probablement : Qui est-ce qui ne sait pas l’allemand ? comme ce banquier qui disait : « Qui est-ce qui n’a pas un million ? » Hélas ! nous, Français, nous ne parlons pas l’allemand, nous qui avons tant de peine à apprendre notre langue, et qui parvenons si rarement à la savoir. Il nous est, en conséquence, fort désagréable de parcourir avec un fiévreux intérêt les pages d’un livre, pour y tomber à chaque instant en des chausses-trappes comme celle-ci : Beethoven dit à M. Rellstab. Opern, wie don Juan und Figaro, konnte ich nicht componiren. Dagegen habe ich einen Widerwillen. Bon ! qu’est-ce qu’il a donc dit Beethoven ? Je voudrais le savoir. C’est impatientant. Encore la citation allemande que je fais là est-elle mal choisie, puisque l’auteur, par exception, s’est donné la peine de la traduire, ce qu’il n’a point fait pour une foule d’autres mots, de phrases, de récits et de documents, dont il est sans doute important pour le lecteur de connaître la signification. J’aime autant le procédé de Shakspeare, écrivant dans Henri IV, au lieu de la réponse d’une Galloise à son mari Anglais, ces mots entre deux parenthèses : (Elle lui parle gallois.)

Mon second reproche portera sur une opinion émise par l’auteur à propos de Mendelssohn, opinion déjà énoncée par d’autres critiques, et dont je demanderai à M. de Lenz la permission de discuter avec lui les motifs.

« On ne peut parler de la musique moderne, dit-il, sans nommer Mendelssohn Bartholdy… Nous partageons autant que personne le respect qu’un esprit de cette valeur commande, mais nous croyons que l’élément hébraïque, qu’on connaît à la pensée de Mendelssohn, empêchera sa musique de devenir l’acquisition du monde entier, sans distinction de temps ni de lieux. »