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Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/379

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14 août 1845 et que je vous écrive des bords du Rhin. Lisez :

SUPPLÉMENT POUR LE 1er ACTE.

FÊTES MUSICALES DE BONN.

Kœnig’s Winter, 15 août.

La fête est terminée ; Beethoven est debout sur la place de Bonn, et déjà les enfants, insoucieux de toute grandeur, viennent jouer aux pieds de sa statue ; sa noble tête est battue des vents et de la pluie, et sa main puissante qui écrivit tant de chefs-d’œuvre sert de perchoir à de vulgaires oiseaux. Maintenant les artilleurs essuient la gueule de leurs canons, après tant de hourras lancés au ciel ; les Quasimodo de la cathédrale laissent en repos leurs cloches fatiguées de crier : Hosanna ! les étudiants, les carabiniers ont dépouillé leurs pittoresques uniformes ; la phalange des chanteurs et des instrumentistes s’est dispersée ; la foule des admirateurs, éblouie de l’éclat de cette gloire, s’en va rêveuse, redire à tous les échos de l’Europe avec quels grands coups d’ailes, avec quelle étincelle dans les yeux elle est venue s’abattre sur la cité de Bonn pour y couronner l’image du plus grand de ses fils.

Hâtons-nous donc, avant ce moment inévitable où tout se refroidit et s’éteint, où l’enthousiasme devient traditionnel, où les soleils passent à l’état planétaire, hâtons-nous de dire la piété sincère et pure de cette vaste assemblée, formée au bord du Rhin dans le seul but de rendre hommage au génie. Et certes ! on avait fait peu d’efforts pour l’y réunir ; les invitations adressées aux artistes étrangers par le comité de Bonn n’étaient que de superficielles politesses qui n’assuraient pas même aux invités une place quelconque pour assister aux cérémonies. D’un autre côté, les principales institutions où