Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/420

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RÉPONSE A M. CARLO CONESTABILE

auteur du livre intitulé :

VITA DI NICCOLO PAGANINI DA GENOVA

M. Conestabile de Pérouse en appelle à mon impartialité en me demandant de faire l’analyse de ce petit ouvrage, dans lequel il me traite de la plus vilaine façon. Je le remercie de m’avoir cru, néanmoins, capable de rendre pleine justice à son travail. Je le ferais bien volontiers, accoutumé que je suis à me trouver dans cette piquante position. Malheureusement l’œuvre est de telle nature, qu’il m’est impossible d’émettre, à son sujet une opinion de quelque valeur. Je ne puis juger ni du mérite historique du livre, n’étant point en mesure de connaître la vérité des faits qui y sont énoncés ; ni du style de l’auteur, les finesses de la langue italienne devant m’échapper nécessairement ; ni de la justesse avec laquelle il apprécie le talent du grand virtuose, car je n’ai jamais entendu Paganini. J’étais en Italie, à l’époque où cet artiste extraordinaire enthousiasmait la France. Quand je l’ai connu, plus tard, il avait déjà renoncé à se faire entendre en public, l’état de sa santé ne le lui permettant plus ; et je n’osai point alors, cela se conçoit, lui demander de jouer pour moi seul une fois encore. Si je me suis formé de lui une opinion si haute, c’est d’après sa conversation d’abord ; c’est éclairé par ces irradiations que projettent certains hommes d’élite et qui semblaient entourer Paganini d’une poétique auréole ; c’est d’après l’admiration ardente autant que raisonnée qu’il avait inspirée à des artistes dans le jugement desquels j’ai une confiance absolue.

J’aime à penser que M. Conestabile a puisé aux sources les plus pures pour écrire la vie de l’illustre virtuose, dont l’apparition produisit en Europe une émotion si extraordinaire. Je reconnais même qu’en ce qui touche mes relations avec Paganini, il a recueilli quelques renseignements exacts et