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LETTRES INTIMES

Vous voulez savoir ce que je fais ? Le jour, si je suis bien portant, je lis ou je dors sur mon canapé (car je suis bien logé à présent), ou je barbouille quelques pages pour l’Europe littéraire, qui me les paye très bien. Le soir, dès six heures, je suis chez Henriette ; elle est encore malade et souffrante, ce qui me désespère. Je vous parlerai d’elle très au long une autre fois. Seulement, vous saurez que toute l’opinion que vous pouvez vous être formée d’elle est aussi fausse que possible. C’est tout un autre roman que sa vie ; et sa manière de voir, de sentir et de penser, n’en est pas la partie la moins intéressante. Sa conduite, dans la position où elle a été placée dès l’enfance, est tout à fait incroyable, et j’ai été longtemps sans y croire. Assez là-dessus.

Je m’occupe avec entrain de mon projet d’opéra dont je vous avais parlé dans une lettre de Rome, il y a un an et demi ; et, comme il ne vous a pas été possible de vaincre votre paresse pour vous y mettre depuis ce temps, j’ai désespéré de vous et je me suis adressé à Émile Deschamps et à Saint-Félix, qui travaillent activement. Vous ne m’en voudrez pas, j’espère, car j’ai été bien patient. On vient me chercher justement pour cela. Je vous récrirai dans quelque temps.

Adieu. Votre sincère ami.