Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/186

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Cette même salle résonna jadis des strophes épicuriennes d’Horace, entendit s’élever, dans sa douce gravité, la voix mélancolique de Virgile, récitant, après les festins présidés par le ministre d’Auguste, quelque fragment magnifique de ses poëmes des champs :

Hactenus arvorum cultus et sidera cœli :
Nunc te, Bacche, canam, nec non silvestria tecum
Virgulta, et prolem tarde crescentis olivæ.

Plus bas, nous examinâmes en passant la villa d’Este dont le nom rappelle celui de la princesse Eleonora, célèbre par Tasso et l’amour douloureux qu’elle lui inspira.

Au-dessous, à l’entrée de la plaine, je guidai ces messieurs dans le labyrinthe de la villa Adriana ; nous visitâmes ce qui reste de ses vastes jardins ; le vallon dont une fantaisie toute-puissante voulut créer une copie en miniature de la vallée de Tempe ; la salle des gardes, où veillent à cette heure des essaims d’oiseaux de proie ; et enfin l’emplacement où s’éleva le théâtre privé de l’empereur, et qu’une plantation de choux, le plus ignoble des légumes, occupe maintenant.

Comme le temps et la mort doivent rire de ces bizarres transformations !


XLII


L’influenza à Rome. — Système nouveau de philosophie. — Chasses. — Les chagrins de domestiques. — Je repars pour la France.


Me voilà rentré à la caserne académique ! Recrudescence d’ennui. Une sorte d’influenza plus ou moins contagieuse désole la ville ; on meurt très-bien, par centaines, par milliers. Couvert, au grand divertissement des polissons