C’est ici le lieu de faire observer que les successions rapides, sont d’autant plus difficiles sur le cor que son ton est plus grave ; son tube, qui est alors d’une grande longueur, ne pouvant entrer instantanément en vibration. Quant aux notes inférieures mêmes naturelles, dans presque tous les tons elles ne peuvent se succéder que dans un mouvement modéré ; c’est d’ailleurs une loi générale qu’on doit observer dans l’emploi de tous les instruments, puisque les sons graves sont ceux qui résultent d’un moins grand nombre de vibrations dans un instant donné ; il faut donc que le corps sonore ait le temps nécessaire à la production du son. Ainsi le passage suivant, sur un cor grave, serait impraticable et d’un mauvais effet :
Cors en Si ♭ ou en Ut ou en Ré. |
Celui-ci, possible sur un cor en Fa et sur les tons plus aigus, serait également fort mauvais sur les tons d’Ut et de Si ♭ bas :
Il faut autant que possible, en employant les sons bouchés, dans l’orchestre surtout, les entremêler de sons ouverts et ne pas sauter d’une note bouchée sur une autre, ou du moins d’une mauvaise note bouchée sur une autre également mauvaise. Ainsi il serait absurde d’écrire :
Au contraire, un passage comme celui-ci :
ne manque pas de sonorité et se peut exécuter aisément, parce qu’il ne contient qu’une mauvaise note bouchée (le premier la bémol) ; tandis que ce même trait transposé serait ridicule et d’une excessive difficulté :
On peut voir par ces trois exemples, que les meilleurs sons bouchés se trouvent tous, à l’exception des quatre suivants placés au dessus du La ♭ du médium ; ils forment la série déjà indiquée plus haut.
C’est pourquoi la phrase en La bémol citée ci-dessus, bonne dans un octave, devient détestable transposée à l’octave inférieure où elle roule presque entièrement sur les notes bouchées les plus mauvaises,
bien qu’elle débute par une note ouverte le La ♭ | note factice, qui |
ainsi attaquée rapidement sans préparation, est d’une émission assez dangereuse.
Les anciens maîtres se sont bornés, en général, à l’usage des sons ouverts, qu’ils écrivaient, en outre, il faut l’avouer, très maladroitement. Beethoven lui-même est extrêmement réservé dans l’emploi de sons bouchés quand il ne traite pas les cors en Solo. Les exemples en sont assez rares dans son orchestre, et quand il y a recours, c’est presque toujours pour un effet saillant. Ainsi des sons bouchés et du son factice des trois cors en Mi ♭ dans le scherzo de la Symphonie héroïque et du Fa ♯ bas du second cor en Ré dans le scherzo de la symphonie en La.