LE TROMBONE TÉNOR
C’est le meilleur de tous, sans contredit. Il a une sonorité forte et pleine ; il peut exécuter des passages que leur rapidité rend impraticables sur le Trombone Basse et son timbre est bon dans toute l’étendue de son échelle. On l’écrit sur la clé d’Ut quatrième ordinairement, mais comme il arrive dans certains orchestres que les trois parties de Trombones sont, sous trois noms différents, jouées cependant sur trois Trombones Ténors, il s’ensuit qu’on les écrit l’un sur la clé d’Ut 3e (comme l’Alto) l’autre sur la clé d’Ut 4e (comme le Ténor) et le 3e sur la clé de Fa (comme la Basse). Sa coulisse étant fermée, il produit naturellement les notes suivantes qui son celles de la résonnance de tous les tubes de Cuivre en Si ♭ ; c’est-à-dire des tubes, qui en vibrant dans leur totalité, donnent pour premier son grave un Si ♭.
Ex : |
Ce qui l’a fait appeler Trombone en Si ♭. Il se trouve donc à la quarte au dessous du Trombone Alto et son étendue est celle ci.
On voit que le Mi bémol grave | manque au Trombone |
Ténor ; cette note donne constamment lieu à une foule d’erreurs dans les partitions même les plus savamment ordonnées.
Ainsi l’un des maîtres actuels, dont l’habilité dans l’art de l’instrumentation est une des qualités éminentes et incontestées, a commencé un de ses opéras par plusieurs Mi ♭ graves du troisième Trombone Ténor.
C’est l’Ophicléide qui les exécute, le Trombone ne fait que les doubler à l’octave supérieure, et
l’auteur ne s’est peut être jamais aperçu que son Mi bémol bas n’était pas donné par l’instrument pour lequel il l’écrivit.
LE TROMBONE BASSE.
N’est si rare qu’à cause de la fatigue que les exécutants, même les plus robustes, éprouvent à le jouer. C’est le plus grand et conséquemment le plus grave de tous. Il faut, quand on l’emploie, lui donner des silences assez prolongés pour que l’exécutant puisse se reposer, et n’en faire d’ailleurs qu’un usage discret et bien motivé.
Avec la coulisse fermée, il donne les notes suivantes :
On l’appelle grand Trombone ou Trombone Basse en Mi ♭.
Il se trouve en conséquence à l’octave basse du Trombone Alto et à la quinte inférieure du Trombone Ténor. On l’écrit sur la clé de Fa.
Le son du Trombone Basse est majestueux, formidable et terrible ; c’est à lui qu’appartient de droit la partie grave dans toutes les masses d’instruments de cuivre. Cependant nous avons le malheur à Paris d’en être complètement dépourvus ; on ne l’enseigne pas au Conservatoire, et aucun Tromboniste n’a encore voulu jusqu’à présent s’en rendre la pratique familière. D’où il suit que la plupart des partitions Allemandes modernes et même des anciennes partitions Françaises et Italiennes, écrites pour des orchestres qui possèdent ou possédaient cet instrument, doivent être plus ou moins dérangées quand on les exécute à Paris. Ainsi dans le Freyschütz de Weber, il y a des Ré naturels bas
au dessous des portées | dans l’accompagnement du chœur des |
chasseurs ; plus loin, à l’entrée de l’Ermite, on trouve des Mi bémols bas
Ces notes sont donc nécessairement entendues à l’octave |
supérieure, puisque les trois artistes de l’orchestre de l’opéra se servent exclusivement du Trombone Ténor, qui ne les a pas.
Il en est même des Ut
naturels graves, | soutenus, dans le chœur d’Alceste de Gluck : |
Pleure ô Patrie, ô Thessalie !