On voit par ces exemples que, si l’on se proposait d’utiliser ces charmants arpèges des Violes d’amour, les tons de Ré, de Sol, de La, de Fa dièze ou de Si naturel, sont ceux qui permettraient de les placer le plus souvent. Comme ces trois accords ne suffiraient pas sans doute pour accompagner sans interruption un chant un peu modulé il n’y aurait aucune raison pour ne pas avoir une partie des Violes d’amour accordées d’une autre manière ; en Ut par exemple, ou en Ré bémol, selon les accords dont le compositeur aurait besoin pour son morceau. Le charme extrême de ces harmoniques en arpèges sur les cordes à vide mérite bien qu’on prenne tous les moyens possibles pour en tirer parti.
La viole d’amour a un timbre faible et doux ; elle a quelque chose de Séraphique qui tient à la fois de l’alto et des sons harmoniques du violon. Elle convient surtout au style lié, aux mélodies rêveuses, à l’expression des sentiments extatiques et religieux. Mr Meyerbeer l’a placée avec bonheur dans la romance de Raoul au 1er acte des Huguenots.
Mais c’est là un effet de solo ; quel ne serait pas dans un andante celui d’une masse de Violes d’amour chantant une belle prière à plusieurs parties, ou accompagnant de leurs harmonies soutenues un chant d’altos, ou de violoncelles, ou de cor anglais, ou de cor, ou de flûte dans le médium, mêlé à des arpèges de harpes !!! Il serait vraiment bien dommage de laisser se perdre ce précieux instrument, dont tous les violonistes pourraient jouer après quelques semaines d’études.