d’obliger l’exécutant à une véritable transposition pour une partie des notes de sa gamme, puisqu’il doit faire vibrer la corde de Fa quand la note écrite est sol , la corde Si quand la note est Ut et la corde Ut quand la note est Ré .
Pour le ton d’Ut , il devient moins inabordable en l’écrivant sous son autre forme, celle de Si naturel, mais toutes les pédales étant prises, on ira pas moins à vaincre pour cette gamme, connue pour celle de La bémol, l’horrible difficulté de sauter une corde et de quitter une Pédale en la reprenant après, pour la note sensible (enharmonique) et la tonique qui se retrouvent sur la même corde. Exemple.
On concevra que pour exécuter une gamme chromatique de deux octales d’étendue comme celle ci :
il faut faire mouvoir très vite, successivement, cinq pédales, pour la première octave seulement ; qu’il faut les quitter toutes très promptement aussi, afin de remettre dans leur état primitif les notes qu’elles avaient haussées et qui vont se représenter dans l’Octave supérieure, et les reprendre encore une fois comme on avait fait pour la première octave. Une gamme pareille est donc, dans un mouvement même très modéré, impossible sur toutes les harpes.
S’il s’agit d’une succession d’accords appartenant à des tonalités différentes, l’impossibilité deviendra plus évidente encore, puisqu’on aurait, en ce cas, plusieurs pédales à prendre à la fois et successivement.
Certaines appogiatures et broderies contenant des successions chromatiques, peuvent, à la vérité, s’exécuter tant bien que mal, mais le plus grand nombre de ces ornements, je l’ai déjà dit, n’est guère praticable et ceux qu’on peut ranger parmi les exceptions produisent encore un assez mauvais effet à cause de l’altération que le mouvement de la pédale prise et quittée au même instant fait subir à la sonorité de la corde.
L’exemple suivant au contraire et tous ceux qui réunissent comme lui plusieurs demi-tons dans un petit espace et un mouvement vif sont à peu près impossibles :
Il faut dire maintenant que la harpe étant pincée par les deux mains, s’écrit en conséquence sur deux lignes. La ligne inférieure porte ordinairement la clef de Fa et la ligne supérieure la clef de Sol ; selon l’élévation des notes basses ou la gravité des notes hautes la clef de Sol ou la clef de Fa peuvent se trouver aussi sur les deux lignes à la fois.
On va voir que cette disposition rend les passages inexécutables bien plus nombreux encore pour la harpe en Mi bémol, puisque telle phrase, facile pour la main droite, devient impossible si la main gauche veut faire entendre certaines notes d’accompagnement qui se trouvent altérées par une Pédale dans la mélodie, mais que l’harmonie n’admet qu’à leur état ordinaire.