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LA VILLE
AUX ILLUSIONS



CHAPITRE PREMIER


Le soleil brillait dans un ciel sans nuages. Un azur tendre mettait des gouttes de bleu jusque sur la pointe des herbes, Tout semblait chanter la joie de vivre, même les cigales qui s’époumonnaient dans les champs bruns, en faisant crier leur petite guitare.

Le long du chemin bordé de mûriers sauvages, un grand jeune homme marchait d’un pas alerte, une avoine folle aux lèvres. Il se dirigeait vers une petite maison basse, dont les toits apparaissaient là-bas, émergeant d’un fouillis de vigne-vierge et de roses trémières et sur laquelle se profilait l’ombre d’un clocher trapu.

Au tournant du sentier, un paysan le croisa, sa pioche sur l’épaule,

— Bonjour, père Bardou !

— Bonjour, mon gars ! Où vas-tu comme ça ?

Le jeune garçon étendit le bras dans la direction de la maisonnette.

— À la cure.

— Tu tombes bien. L’abbé Murillot vient de rentrer. Je l’ai aperçu tout à l’heure en train de sarcler ses salades.

Le bonhomme croisa ses mains sur le manche de son outil, toussotta pour s’éclaircir la voix et demanda :